Quantcast
Channel: 5 MAGAZINE » NGOs en haiti
Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

L’économie Haïtienne Face à une Problématique Monétaire

$
0
0

0:00

L’économie est un élément important qui s’ajuste à la base de la souveraineté d’un pays. Son évolution détermine les grandes disponibilités de la société à combattre les difficultés qui lui sont imposées. L’économie ne saurait être en ce sens l’apanage des riches puis qu’en général elle détermine les activités relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses d’une collectivité humaine. L’argent est le premier élément qui sert dans les échanges économiques tant pour le payement que pour la rémunération. Chaque société possède aujourd’hui sa monnaie d’échange officielle. En Haïti pourtant, aujourd’hui, il existe une dualité entre la monnaie haïtienne, la gourde, qui court à sa grande dévaluation et la monnaie  américaine qui s’impose comme la monnaie forte tendant à éclipser la gourde. Et cela ne va pas sans grande conséquence sur l’ensemble des institutions en vigueur dans la société. Il s’avère important de produire un bilan des faits pour essayer de  justifier les conséquences dont le peuple haïtien en est victime.

Haïti a deux unités monétaires, cela date de bien des années, la gourde, consentie et garantie par la Constitution du pays et le dollar américain prescrit et exigé par les circonstances économiques. Pour en croire, Haïti est un pays qui dépend largement de produits importés des Etats-Unis d’Amérique qui possèdent en tant que la plus grande puissance économique mondiale, une monnaie internationale. Les échanges  touristiques,  la présence des Organisations Non-Gouvernementales (ONG) sur le territoire haïtien,  les missions d’aides internationales, les investissements directs des étrangers et les transferts d’argents venant de la diaspora sont tous réalisés en cette monnaie imposée. Vouloir échanger cet état de fait serait qualifié d’utopique, vue qu’Haïti, considérée dans son état de pays sans trop grande exploitation naturelle (agriculture de subsistance) et minière, dépend presqu’en tout de l’importation. La force ouvrière, laborieuse des haïtiens, ne supporte même plus, depuis un long temps la dynamique concurrence qu’exige la production de quelques biens de consommation pour laquelle Haïti gardait pourtant la première place (Balle de Baseball, Chaussure  en peaux d’animaux, Sous-vêtements en coton blanc etc.) à l’échelle mondiale.

La gourde qui se dévalue au jour le jour constitue à bien des égards le support de l’économie des pauvres tandis que le dollar américain favorise l’économie de la classe moyenne (avec certaine particularité) et dans une proportion plus grande sert l’économie de la classe bourgeoise.

Aujourd’hui, la gourde est à 40 pas du dollar américain qui représente l’épine dorsale de l’économie du pays. Si les besoins de premières nécessités, de subsistances ou de consommation sont achetés avec la gourde comptée en dollar, les quelques produits  luxueux comme voitures, produits électroniques, maisons, même les habits, etc. sont achetés directement avec le dollar américain. La plupart des produits vendus en Haïti sont importés de l’étranger; des Etats-Unis d’Amérique en majorité. Les prix affichés dans nos magasins, plus particulièrement dans les magasins de la capitale et des grandes villes, sont fixés en billet vert (dollar américain).   Ces produits sont donc devenus réellement accessibles aux petites bourses que lorsqu’ils sont convertis en objets de seconde main.

Il existe même une concurrence, déloyale il faut le dire, entre le gouvernement qui rémunère ses employés en gourdes et les ONG qui paient leurs employés en billets verts. Ceci est expliqué par une publication faite par l’Association Je Kale (AJK) en Novembre 2011, dans laquelle on a lu que le salaire minimum d’un travailleur  Haïtien est de 250 gourdes soit 4.69 dollar par journée de travail, tandis que la paye chez les ONG dépend de leur disponibilité économique qui semble toujours offrir de meilleures opportunités. Il est absolument clair que les ONG paient de biens meilleurs salaires que les Institutions de l’Etat haïtien.

Ces deux unités monétaires en circulation sur le territoire national haïtien engendrent deux types d’économies parallèles : l’une basée sur la monnaie nationale, la gourde plus ou moins à la portée de tous et l’autre en devise étrangère contrôlée par les businessmen ou hommes d’affaires ; à  ceux-là s’ajoutent à quelques degrés moindres ceux qui ont des parents aux Etats-Unis d’Amérique.

Mr. Frank Lanoix,  Directeur Exécutif de la SogeXpress, l’une des maisons de transferts opérant en Haïti,  a fait savoir que plus de 800.000 familles haïtiennes, soit quatre millions de personnes, vivent de transferts d’argent venant chaque mois des USA. Il a aussi rapporté que le gouvernement n’a aucun contrôle sur le montant en dollars que les ONG utilisent en Haïti.  La Banque Interaméricaine de Développent (BID) a publié que la diaspora haïtienne transfère plus de deux milliards de dollars par année vers Haïti.

La tendance admet que par ailleurs les transactions entre particuliers (vendeurs et acheteurs) se conduisent très souvent en dollars américains malgré qu’Haïti soit un pays pauvre et les produits importés sont très coûteux. Une obligation s’impose aux haïtiens qui veulent acheter des produits importes de se procurer du dollar américain ou de convertir la monnaie haïtienne en devise américaine. Et en ce sens, ceux qui ne possèdent pas le dollar paient davantage pour se procurer de produits importés.

Toutefois, les banques et les bureaux publics ne peuvent se permettre de conclure des transactions en monnaie américaine parce que la gourde, étant la monnaie légale nationale, même si les clients des Banques ont le choix d’ouvrir un compte dans l’unité monétaire qui leur plait.

Il fallait trouver une solution pour parer à la dévaluation continue de la monnaie nationale haïtienne. C’est du moins ce qu’avait jugé  Mr. Michel Martelly qui entendait  rétablir la gourde dans son autorité constitutionnelle, et avait décidé qu’au jour du premier (1) Janvier 2012 que les banques et les bureaux de transferts se refrènent de conduire des transactions en billets verts.  Une décision qui ne pas porte grands fruits, parce que les commerçants refusent de marquer les prix de leurs marchandises en gourde et les Haïtiens restent encore déterminés à collecter leurs transferts en dollars américains. D’autant que cette décision aussi a entrainé une manque de liquidité du dollar qui du coup allait affecter les ONGs qui réclament le plus souvent le billet vert (dollar) aux guichets ou aux bureaux des banques, pour assurer leurs œuvres humanitaires et pour exécuter la solde de leurs employés.

Mr. Michel Martelly, en vue de prendre avantage des transferts ou pour cumuler de l’argent dans la caisse de l’état, a pris une disposition présidentielle qui impose une taxe de 1 % sur chaque tranche de $100 de transfert de la diaspora vers Haïti. Mr. Michel Martelly considère la diaspora comme l’essentiel du capital humain, social et financier nécessaire au développement économique  d’Haïti.

Selon Alter Press et de l’avis du Dr. Pierre Montès, les taxes prélevées des transferts permettent au gouvernement de collecter plus de 20 millions de dollars par année, ce qui ajoute 30% du Produit Intérieur Brut (PIB) national avec le reste du PIB venant des taxes collectées sur les appels internationaux, le commerce des produits locaux, les impôts locatifs, etc. L’économie d’Haïti est très délicate dans le sens que le gouvernement met plus d’accent sur les revenus de la diaspora que sur la production nationale, sur les investissements directs étrangers qui totalisent 170 millions de dollars et sur l’aide internationale évaluée à 600 millions de dollars (BID, 2011).

Si les gens de la diaspora décident de ne plus envoyer de l’argent en Haïti et s’avisent d’appeler les membres de leurs familles à leurs cotés, l’économie d’Haïti connaitrait un mauvais sort et le gouvernement aurait du mal à investir dans des programmes de développements sociaux, avise Mr. James Fils-Aimé, un cadre de la BID.

CINQ


Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

Latest Images

Trending Articles



Latest Images